Seulement émergentes ou déjà fortes en 2022, plusieurs tendances devraient se renforcer dans l’assurance en 2023. Sans être devin, on peut notamment citer la digitalisation, l’intelligence artificielle, la tarification personnalisée, le verdissement des investissements et des contrats, ou encore l’émergence de la notion d’assurance inclusive. Petit tour d’horizon des grandes tendances qui vont marquer le secteur de l’assurance en 2023 dans un exercice de prospective fortement marquée par la tech.
Sans surprise, la digitalisation tout azimut engagée par les assureurs traditionnels comme les assurtechs va se poursuivre et même s’accélérer cette année. Comme dans de nombreux secteurs, la transformation numérique est un enjeu majeur pour les assureurs pour automatiser leurs process, analyser les données, améliorer leur relation clients, fluidifier leur distribution, etc. L’objectif notamment est d’offrir une expérience client plus agréable et personnalisée, tout en compressant les coûts et en optimisant la gestion des risques.
L’IA, un enjeu majeur pour l’assurance
Dans cette logique, l’intelligence artificielle (IA) sera l’un des sujets phares en 2023. A l’heure de ChatGPT, les compagnies, mutuelles, réassureurs vont continuer à se réinventer en utilisant le potentiel extraordinaire de l’IA. On parle généralement d’IA dès qu’une solution est capable de reproduire des comportements humains tels que le raisonnement, ou encore et la créativité.
Et les applications de l’IA dans l’assurance sont innombrables. Elle est particulièrement pertinente pour optimiser la gestion des risques, dans son évaluation, dans sa gestion, en détectant par exemple mieux les fraudes et en automatisant les processus de règlement, ou encore dans la prévention des risques en fournissant des outils d’alerte plus précis et prédictifs à destination des assureurs mais aussi des assurés.
« Actuellement, l’utilisation de l’IA est déjà importante dans le secteur des assurances, particulièrement auprès des assurtech. » souligne Pierre Fruchard, cofondateur et CEO de l’assurtech Coover dans L’Argus de l’assurance. Il parie sur sa croissance exponentielle dans les prochaines années, notamment dans la collecte, la réutilisation, ou encore le couplage de données.
Concrètement, le Machine Learning représente une véritable aide dans la fixation des primes et dans la réduction des pertes, et va prendre de l’ampleur pour analyser les tendances assurantielles, définir des nouveaux profils de risques, adapter les offres et créer de nouveaux produits, précise le créateur de Cover. Et l’assurance a déjà bien compris le potentiel de l’IA pour détecter les fraudes, avec l’analyse des modèles de comportement des clients et en identifiant les anomalies, ou encore en automatisant les processus de souscription, de réclamation et de service client.
Au coeur du modèle d’insurtechs comme Lemonade
Outre-Atlantique, l’insurtech américaine Lemonade a placé l’IA au coeur même de son modèle. Elle promet une expérience utilisateur fluide et intuitive avec un processus de traitement des sinistres inégalés, grâce à l’intelligence artificielle et à l’analyse des données. Son chatbot Jim traiterait 98% des demandes entrantes.
BNP Paribas Cardif vient ainsi de lancer une nouvelle offre d’assurance MRH avec Lemonade pour profiter de cette expérience. « C’est un partenariat gagnant-gagnant : nous bénéficions de leur agilité, de leur expertise de la data et de leur maîtrise des parcours, et eux viennent chercher la connaissance du marché français » explique Fabrice Bagne, directeur général adjoint, responsable France et Luxembourg de BNP Paribas Cardif.
D’autres assureurs traditionnels ne sont pas en reste.. Allianz France utilise par exemple aujourd’hui l’IA au service de la satisfaction client. L’assureur a investi dans ce sens dans une solution automatisée lui permettant d’adresser des e-mails et SMS à la suite de tout acte de gestion. Parmi les objectifs fixés, appeler les clients insatisfaits en moins de 48 heures.
Selon une étude de Capgemini Research Institute, 73 % des entreprises qui déploient des technologies d’IA constatent des avantages significatifs en termes de rentabilité. Plus précisément, les entreprises ayant adopté l’IA enregistrent une hausse de 5 à 10 % de leur chiffre d’affaires avance une enquête réalisée par Forrester.
Tarification sur-mesure
La tarification personnalisée devrait continuer à se développer. Grâce notamment à l’IA et à la digitalisation de tous les process, les assureurs disposeront d’informations plus précises sur les assurés et leur comportement, parfois en temps réel pour évaluer les risques, et proposer des tarifs individualisés avec des offres sur-mesure.
« La digitalisation du secteur de l’assurance impacte directement la numérisation des activités de front office (tarification et souscription), afin de calquer les pratiques de marché déployées par les acteurs du e-commerce » explique Olivier Roubertie, Vice-Président pour CGI en France dans l’Argus de l’assurance. « Les consommateurs exigent des parcours « self-care » et fluides dans tous les domaines, y compris dans l’assurance. Cela explique notamment que les offres des assurances auto et habitation aient été simplifiées ces dernières années, afin de permettre des souscriptions rapides en ligne, en quelques questions » précise le responsable du leader mondial du conseil et des services numériques.
« Même la souscription de produits plus complexes comme la santé ou la prévoyance collective a pu être en partie digitalisée (établissement du devis, simulations…), améliorant à la fois l’expérience du collaborateur et du client » souligne Olivier Roubertie. La tarification et la souscription doivent se baser sur une segmentation performante des risques, basée sur des données qualifiées et pertinentes, internes et externes.
Fruit de cette digitalisation, l’ensemble des informations collectées permet désormais aux assureurs d’affiner et d’adapter leurs garanties et leurs tarifs aux risques de leurs clients, parfois en temps réel. Plus rapide, plus fluide et plus fine, cette tarification dans une « double logique digitale-data » devrait « révolutionner la souscription, mais aussi toute la chaîne assurantielle » avance le responsable de CGI.
L’assurance inclusive
L’assurance devrait poursuivre ses démarches en matière d’inclusion. Déjà engagés dans diverses actions sociales en la matière, les assureurs seront certainement nombreux en 2023 à rivaliser d’actions plus inclusives les unes ques les autres. Avec souvent une vraie sincérité, et une volonté de témoigner des valeurs des assureurs historiquement fortes fortes chez les mutuelles notamment.
Cohérent avec sa raison d’être d' »assureur utile et inclusif », CNP Assurances vient ainsi de lancer une nouvelle garantie inclusive. Concrètement, le bancassureur a décidé d’intégrer dans ses contrats collectifs une nouvelle offre destinée à soutenir les parents emprunteurs obligés de stopper leur activité professionnelle pour assister leur enfant victime d’une maladie grave. Intégrée dans les contrats collectifs d’assurance emprunteur du bancassureur et sans surcoût pour l’assuré, cette nouvelle garantie permet la prise en charge 50% de la mensualité du prêt immobilier sur une période pouvant atteindre 28 mois.
De son coté, AXA a décidé d’accélérer en matière d’inclusion. Le géant français vient de créer une direction de l’assurance inclusive début 2023 confiée à David Guillot de Suduiraut. Cette nouvelle entité sera chargée de proposer des produits et services aux Français à faibles revenus.
Fondateur de L’olivier Assurance, Pascal Gonzalvez est particulièrement sensible à cette question. L’assureur vient de se classer de nouveau à la 6ème place du Palmarès Great Place to Work dans la catégorie des entreprises de 25 à 1 000 salariés. Dans ÉcoRéseau Business, il milite pour que l’inclusion investisse l’ensemble du secteur de l’assurance.
Plus que la diversité, de nombreuses études lient inclusion et performance économique souligne le spécialiste de l’assurance auto et habitation en ligne. La différence peut paraître ténue mais elle a son importance précise Pascal Gonzalvez. La militante américaine Verna Myers l’explique ainsi : « La diversité, c’est d’être invité à la fête. L’inclusion c’est d’être invité à danser ».
Et le patron de L’Olivier Assurance de préciser. Selon l’étude du BCG, les entreprises dont les équipes dirigeantes affichent une diversité supérieure à la moyenne sont 19 % plus innovantes que les autres. Quant à la marque employeur, 76 % des candidat.es désignent la diversité comme un facteur de choix selon une récente étude sur la diversité et l’inclusion sur son lieu de travail menée par Glassdoor.
Un verdissement global de l’assurance
Le développement durable, l’urgence climatique, la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises)… comme la plupart des secteurs économiques, l’assurance ne fait pas exception et se convertit elle aussi à la thématique écologique. Cette tendance devrait se poursuivre et sans doute s’accélérer encore en 2023 dans les engagements des assureurs, dans leurs actions, leurs stratégies, leurs offres ou encore leurs investissements. Avec plusieurs nouvelles initiatives annoncées déjà en ce début d’année.
Conscients de cet enjeu, le Crédit Mutuel et la Maif ont ainsi décidé de créer un dividende écologique. Les groupes mutualistes annoncent qu’ils réserveront désormais une partie de leurs bénéfices au financement de la transition climatique dans des projets écologiques, durables et solidaires.
Dans le même esprit, la MAIF vient de s’engager à reverser 10% de ses bénéfices à des actions vertes. « Nous avons décidé de consacrer 10% de nos bénéfices à la planète » affirme Pascal Demurger directeur de l’assureur militant. »On a tous aujourd’hui, devant l’urgence écologique, une responsabilité d’agir vite. Quand on est une grande entreprise on a des moyens plus importants et donc une responsabilité plus forte » a récemment déclaré le patron de la MAIF sur France Inter.
De son côté, Crédit Agricole Assurances a récemment bouclé l’acquisition de 50% d’un portefeuille de projets renouvelables en France d’une capacité totale de 234 mégawatts (MW) auprès du producteur d’énergies TotalEnergies. Filiale d’assurance-vie et de prévoyance du Crédit Mutuel Arkéa, Suravenir et Swen Capital Partners, société de gestion détenue par OFI Invest et Crédit Mutuel Arkéa, viennent d’annoncer le lancement du fonds « Suravenir Infrastructures Durables », un fonds destiné à investir dans des actions respectueuses de la planète.
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