L’assurance multirisque habitation dite MRH est un produit majeur, le second marché d’assurance non-vie le plus important après l’assurance automobile. Il suscite naturellement beaucoup de convoitises notamment chez les assurtechs qui rêvent de s’y faire une place au soleil. Pourtant, les assurtechs 100% digitales ne représentent encore qu’une part infime du marché en France même si elles sont de plus en plus nombreuses à tenter leur chance.
Un rapport d’Optimind publié fin décembre 2022 s’est penché sur la stratégie des assurtechs sur ce marché de l’assurance habitation en se posant la question de sa pérennité. Rappelant que « l’assurance multirisque habitation détient une place clé dans les produits d’assurance de masse », l’étude analyse la stratégie de 5 assurtechs sur ce marché (Luko, Lemonade, Leocare, Alabri et Lovys) en tentant d’identifier les forces et faiblesses de leur modèle.
100% digital
Ces nouveaux acteurs misent évidemment sur une très forte digitalisation du processus de souscription, avec moins de questions posées au futur client, plus de fluidité dans son parcours mais aussi logiquement une segmentation tarifaire moindre. Optimind considère que ces assurtechs ont « indéniablement bousculé le secteur » en proposant des processus de souscription allégés, des tarifs attractifs et des délais de remboursement très courts en cas de sinistre.
Concrètement, les assurtechs utilisent des informations en open source diffusées par Google map, mais aussi des algorithmes sur la base de l’adresse du bien concerné, en les croisant si besoin avec d’autres données pour renseigner rapidement « quatre critères de risques utilisés lors de la tarification : le risque d’inondation, industriel, de vol et de terrain. » Et le résultat est significatif. La souscription digitale proposée est deux fois plus rapide que la moyenne des acteurs traditionnels souligne le rapport.
Un modèle encore fragile
Mais malgré le vent d’innovations de ces « nouveaux acteurs » de l’assurance Habitation, la pérennité de leurs modèles de développement semble encore fragile. Malgré l’attractivité de leurs offres à la fois sur le plan tarifaire et marketing, « les assurtechs ont pourtant du mal à sortir la tête de l’eau. La grande majorité de ces assureurs digitaux sont dans le rouge, en quête de part de marché et ne parviennent donc pas à devenir rentables. » relève Optimind.
Sans préjuger des capacités de certaines assurtechs à s’imposer sur ce marché, « la transformation de l’assurance habitation n’est pas encore totalement aboutie. » considère le rapport. L’agilité et l’innovation restent deux atouts primordiaux mais face aux pratiques de ces nouveaux entrants, les acteurs historiques ont également répondu eux aussi par de l’innovation, « notamment concernant l’utilisation de données web, map, etc., pour affiner leur tarif ou la digitalisation de leur processus de gestion des sinistres. »
Les acteurs traditionnels innovent aussi
A ce tire, les assurtechs ont donc logiquement poussé les assureurs habitation historiques à se remettre en cause et à innover à leur tour, au point que « l’opposition entre les acteurs traditionnels et les assurtechs tend à s’estomper. ». Reste à savoir si les assurtechs sauront et pourront rester aussi attractives notamment en matière tarifaire, tout en atteignant une rentabilité encore aléatoire.
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